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Les réseaux sociaux impactent-ils l’estime de soi des adolescents ?

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Dernière mise à jour : 4 oct. 2022

Synthèse de l’article : Steinsbekk, S., Wichstrøm, L., Stenseng, F., Nesi, J., Hygen, B. W., & Skalická, V. (2021). The impact of social media use on appearance self-esteem from childhood to adolescence–A 3-wave community study. Computers in Human Behavior, 114, 106528. https://doi.org/10.1016/j.chb.2020.106528

Synthèse rédigée par Sharon ZERBIB, & Jennifer GUERY, Master 2 psychologie du développement, Université Paris 8

Quelle importance ont les réseaux sociaux pour toi ? Es-tu là, pour regarder et commenter seulement ? Ou publies-tu régulièrement des photos et des vidéos ? A ton avis, à quoi t’exposes-tu en utilisant les réseaux sociaux ?

Il existe différentes formes d’utilisation des réseaux sociaux. Nous nous concentrerons ici sur deux sortes d’utilisateurs : (1) les jeunes qui se contentent de regarder les messages des autres : « les utilisateurs Passifs » ; et (2) ceux qui commentent les posts publiés ou qui publient activement des mises à jour : « les utilisateurs Actifs » (Frison & Eggermont, 2017). Parmi ces utilisateurs actifs, les auteurs distinguent deux types d’actions : l’usage centré sur soi (self-oriented), qui concerne la publication de photos et vidéos orientés sur sa propre vie, ses activités ; et l’usage tourné vers autrui (other-oriented), qui signifie que les personnes commentent le contenu des publications des autres et s’intéressent aux autres.

D’après toi, ces utilisations ont-elles une influence sur l’estime que tu as de toi ?


94% des adolescents dans les pays développés utilisent les réseaux sociaux (AP-NORC Center for Public Affairs Research, 2017). Il est donc important que tu saches qu’en tant qu’utilisateur des réseaux sociaux, tu es largement exposé à des contenus idéalisés (photos, vidéos). Ces publications peuvent être réelles, sincères, ou bien à l’inverse, fausses, exagérées, ne correspondant pas à la réalité, et dont l’objectif est de donner une image idéale de soi.
Une équipe de scientifiques du Norwegian University of Science and Technologya ainsi étudié l’impact de l’utilisation des réseaux sociaux sur l’estime de soi des adolescents.

L’adolescence est une phase de transition entre l’enfance et l’âge adulte, qui s’accompagne de changements physiques et psychologiques (Archibald & Brooks-Gunn, 2008).
A l’adolescence, l’apparence physique que nous percevons de nous-mêmes contribue fortement à l’estime de soi, c’est-à-dire à l’évaluation de notre propre « valeur » et ce, en particulier chez les filles (Wichstrom & von Soest, 2016).

Or, depuis le début de ton adolescence, tu as pu remarquer que tu es très sensible à la façon dont tes amis présentent leur vie : à travers les photos et vidéos des réseaux sociaux. En effet, les réseaux sociaux sont un élément central dans la vie sociale des ados, et se sont avérés très importants lors du premier confinement de la pandémie de Covid-19 (en mars 2020). Malheureusement, au fil du temps, cet environnement de réseaux sociaux peut créer des normes d’apparence qui sont difficiles à atteindre (McLean et al., 2019), et il peut être compliqué de se sentir à la hauteur. Cela crée un écart entre ton apparence physique perçue et ton idéal. Par exemple, Essena O’Neill[1], jeune blogueuse Australienne qui avait plus de 690 000 abonnés (en 2015) sur Instagram, a dénoncé l’impact négatif que ce réseau social avait sur elle. Elle était dans l’attente permanente d’une approbation venant des réseaux sociaux et décrit le temps qu’elle passait à regarder des photos de « filles parfaites » sur les réseaux sociaux : « Et quand j’étais l’une d’elles, je n’étais toujours pas contente ni satisfaite, ni en paix avec moi-même. » En prenant appui sur ce constat,Steinsbekk et ses collaborateurs ont cherché à déterminer si le fait d’aimer ou de commenter les messages des autres correspondait ou non à une bonne estime de soi. Ils souhaitaient aussi faire une comparaison des données obtenues auprès des filles et des garçons.

Comment s’y sont-ils pris ?


725 participants ont été interrogés à 10, 12 et 14 ans au sujet de leur utilisation des réseaux sociaux. Ils ont indiqué le type de plateformes qu’ils utilisent et le nombre de fois par mois où ils publient (e.g. photos, vidéos) sur ces réseaux sociaux. L’utilisation des réseaux sociaux a été évaluée en fonction de la fréquence à laquelle ils ont commenté les mises à jour et les photos des autres. Enfin, l’estime de soi a été mesurée à l’aide de l’échelle de profil de perception pour les adolescents (SPPA-R ;Harter, 1988 ; Wichstrøm, 1995). Leurs hypothèses étaient que les adolescents ayant un usage des réseaux « tourné sur eux-mêmes » (qui publient des posts) auraient une meilleure estime de soi, à l’inverse des adolescents qui commentent uniquement les posts d’autrui (usage des réseaux tourné vers autrui). En effet, ces derniers sont exposés à des images idéales des autres qu'ils commentent, auxquelles ils donnent un feedback, et ne postant pas eux-mêmes des photos, ils ne peuvent pas bénéficier de feedback positif de leur côté, sur eux-mêmes.

Les résultats ont montré que le nombre d’utilisateurs des réseaux sociaux double entre 10 ans et 14 ans. Instagram et Snapchat, basés essentiellement sur l’apparence (photos et vidéos), sont les plus utilisés par les adolescents. L’utilisation accrue des réseaux sociaux (plus de 30 minutes par jour) est liée à une plus faible estime de soi 2 ans plus tard, chez les jeunes ados ayant un usage des réseaux « tournés vers autrui » de 10 à 12 ans et de 12 à 14 ans, et ce phénomène se retrouve principalement chez les filles. À l'inverse, le fait de publier régulièrement des mises à jour et photos (usage des réseaux « tournés vers soi ») n’est pas lié à l’estime de soi des adolescents, quel que soit leur sexe.
Cette étude montre que l’utilisation des réseaux sociaux axée sur l’autre représente une menace négative pour l’estime de soi des adolescentes. Sachant cela, tu pourras être plus vigilant à l’état d’esprit de tes ami(e)s qui regardent et répondent uniquement aux messages des autres sur les réseaux sociaux, sans publier de messages.

Toutefois, cette étude présente certaines limites, car elle ne prend pas en compte, soit les utilisateurs qui naviguent seulement sur les réseaux sociaux sans les commenter, ou soit les effets des commentaires négatifs, qui pourraient impacter également l’estime que tu as de toi.

Une expérience des réseaux sociaux plus positive et valorisante


Si le fait de suivre un compte en particulier te donne une mauvaise image de toi, désabonnes-toi ou mets cette personne en sourdine. Va plutôt suivre des comptes qui s’intéressent à autre chose que l’apparence : sports, voyages, humour, arts... Tu peux rechercher des contenus positifs sur l’apparence physique, cela améliorera ton humeur générale (Herry, 2022). Tu peux également utiliser des stratégies d’adaptation pour contrer les pensées négatives qui te viendraient à l’esprit en utilisant les réseaux sociaux. Ainsi, tu peux faire preuve de compassion envers ton corps, en faisant l’exercice de l’ami compatissant : en imaginant comment tu parlerais à ta meilleure amie si elle te confiait la mauvaise image qu’elle a de son corps.

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REFERENCES
AP-NORC. (2017). Instagram and Snapchat are the most popular social networks for teens; black teens are most active on social media, messaging apps.
Archibald, A. B., Graber, J. A., & Brooks-Gunn, J. (2008). Chapter 2. Pubertal Processes and pshysiological growth in adolescence. In G. R. Adams & M. Berzonsky (Éd.), Blackwell Handbook of Adolescence (p. 24‑47). John Wiley & Sons.
Frison, E., & Eggermont, S. (2017). Browsing, posting, and liking on Instagram: The reciprocal relationships between different types of Instagram use and adolescents' depressed mood. Cyberpsychology, Behavior, and Social Networking, 20(10), 603-609.
Harter, S. (1988). Self-perception profile for adolescents. University of Denver.
Herry, S. (2022). Faire face à l’addiction aux écrans: Smartphone, internet, réseaux sociaux. Editions Ellipses.
McLean, S. A., Jarman, H. K., & Rodgers, R. F. (2019). How do “selfies” impact adolescents' well-being and body confidence? A narrative review. Psychology research and behavior management, 12, 513.
Steinsbekk, S., Wichstrøm, L., Stenseng, F., Nesi, J., Hygen, B. W., & Skalická, V. (2021). The impact of social media use on appearance self-esteem from childhood to adolescence–A 3-wave community study. Computers in Human Behavior, 114, 106528.
Wichstrøm, L. (1995). Social, psychological and physical correlates of eating problems. A study of the general adolescent population in Norway. Psychological medicine, 25(3), 567-579.
Wichstrøm, L., & von Soest, T. (2016). Reciprocal relations between body satisfaction and self-esteem: A large 13-year prospective study of adolescents. Journal of Adolescence, 47, 16-27.
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